Contextualisation
Depuis 2007, année de sortie de la première génération de l’iPad d’Apple, on a vu se succéder plusieurs concurrents, modèles… du bon, du moins bon… et surtout du médiocre : quantité de constructeurs ont sorti des tablettes à bas coût pour être présents sur un marché hyper concurrentiel et forcément les prix et la qualité ont été tirés vers le bas.
Pendant ce temps, et jusqu’en 2012, Microsoft est resté silencieux faisant complètement l’impasse sur ce secteur. Comme pour le marché du smartphone (sur lequel il était pourtant précurseur), Microsoft a laissé filer la concurrence et est finalement arrivé sur le marché avec un produit certes innovant mais pas tout à fait au point : la première version de Windows 8 a eu du mal à faire l’unanimité ! En effet, pourquoi l’utilisateur de tablette (avec ses gros doigts) aurait besoin du bureau de Windows (et des applications habituellement utilisées à la souris) et pourquoi l’utilisateur classique devrait se coltiner l’interface tactile ?!?
Ces polémiques sans fin ont toutefois occultés un élément de poids : la tablette elle-même. La Microsoft Surface Pro de 1ère génération avait déjà tout d’une grande : processeur Intel Core i5 + 4Go de RAM, disque SSD de 128 Go, port USB, port micro SDXC, écran tactile full HD, clavier détachable, pied intégré… je connais des utilisateurs qui l’utilisent encore aujourd’hui et qui ne la changerait pour rien au monde tellement ils en sont satisfaits.
Dans le même temps, Microsoft à aussi sorti une version plus « bas de gamme » nommée Microsoft Surface RT qui reprenait les grandes lignes de la Microsoft Surface Pro, mais avec un écran de 1366 x 768 et un processeur nVidia T30 + 2Go de RAM. Cette version n’avait pas de « bureau » et souffrait de défauts de performances, cependant le produit était bien fini.
L’été dernier est sortie la 3ème génération : plus grande, plus fine, plus puissante. Cette puissance lui permet de concurrencer directement des ordinateurs portables, forcément moins chers mais aussi moins polyvalents.
Cette double utilisation tablette / portable est très agréable : imaginez-vous en train de travailler sur un document Office et la seconde d’après, installé dans le fond de votre canapé la tablette sur les genoux, vous consultez vos mails, vos réseaux sociaux… Vous allez me dire : mais c’est possible depuis la première génération ça ! oui… mais là, le clavier est devenu agréable (sans être parfait), le rétro éclairage des touches permet de travailler dans l’ombre, le trackpad a été agrandi… seul reproche : ça sonne « creux », surtout si l’on a tendance à taper un peu « fort ».
Mode clavier + souris
En utilisation purement bureau, avec clavier et souris, on se retrouve devant une machine très agréable, rapide, réactive, silencieuse, l’écran 12 » de 2160 x 1440 pixels offre un espace de travail suffisamment grand pour la bureautique (Word, Excel…), la photo (Photoshop, Lightroom…), la musique (Guitar Pro…) voire même le développement (Visual Studio). A noter : par défaut l’affichage est en grande police (200%), j’ai préféré redescendre d’un cran (150%) afin de gagner encore un peu et obtenir un espace gigantesque ! Lors de taches gourmandes en ressources, le ventilateur se fait un peu entendre, mais reste, à mon goût, très discret. A titre de comparaison, lorsque mon MacBook Pro ventile, le bruit produit est plus fort que celui de la Surface Pro. Le pied multi-positions est vraiment très pratique : il permet d’ajuster l’inclinaison de l’écran en fonction de votre position de travail. Par contre, impossible de travailler en position assise avec la tablette sur les genoux comme on le ferait avec un ordinateur portable, ou alors mes jambes sont trop courtes 😉 Seul ombre au tableau pour la Microsoft Surface pro, pour les développeurs uniquement : l’installation d’Hyper-V par Visual Studio et le SDK Windows Phone perturbe la gestion de l’énergie et il devient impossible de mettre la tablette en veille, elle bascule automatique en mode « hibernation », ce qui est très frustrant voire énervant. Seule solution : désactiver Hyper-V et débugger avec un téléphone physique en attendant un correctif.
Mode tactile
En utilisation tactile, j’apprécie le design « Metro » comme sous Windows Phone, j’adore l’idée de voir ce qui se passe avant même d’avoir ouvert l’application. La gestuelle est intuitive et finalement ressemble beaucoup à la concurrence : on tape, on glisse, on pince… les commandes purement Windows sont vites assimilées et un assistant vous guide dans vos premiers pas après les premiers démarrages. Je me surprends à consulter et à répondre à mes emails plus souvent en tactile qu’en mode bureau : le clavier virtuel est très ergonomique même s’il manque le swipe (méthode de saisie consistant à faire glisser son doigt sur le clavier plutôt que de taper lettre par lettre) comme sur Windows Phone 8.1, espérons que ça viendra 😉
Concernant l’écran
La lecture de documents A4 est aussi très agréable : on bascule de 90° et hop la page complète s’affiche ; je sens que je ne vais plus imprimer mes partitions (il ne me reste plus qu’à acheter une pédale pour tourner les pages :D). Regarder des photos n’a jamais été aussi agréable, les couleurs sont belles, les contrastes sont bons, la définition « parfaite ». En plus le format de l’écran est vraiment bien adapté, le format 3×2 est le plus utilisé car il découle directement du 24×36, ce qui fait que mes photos bénéficient de la totalité de l’écran, pas comme sur d’autres appareils aux formats 16/10 voire 16/11.
L’utilisation au stylet est agréable : pour la prise de note avec OneNote, on appuie sur le bouton et l’application s’ouvre, on appuie 2 fois sur ce même bouton et OneNote s’ouvre en ayant fait au préalable une copie d’écran ! c’est GE-NI-AL ! Prendre des notes en réunion devient un plaisir : on écrit, on griffonne, on efface, on sélectionne, on surligne… fini le cahier, en plus, cerise sur le gâteau, votre bloc note peut-être synchronisé dans le cloud et donc en revenant à votre bureau, vous pouvez laisser votre tablette rangée et vous relire sur votre écran de bureau.
Écosystème Microsoft
Si vous êtes l’heureux possesseur d’un Windows Phone, vous allez ici découvrir ce qu’on appelle un écosystème : une fois votre identifiant (Live Id) renseigné, votre tablette synchronisera automatiquement vos données : vos réseaux wifi, vos couleurs, vos applications, la photo de votre profil… c’est vraiment très agréable ! Si vous avez l’habitude de faire un partage de connexion entre votre mobile et votre tablette, plus la peine de sortir votre téléphone du fond de votre poche (voire, pour les femmes, de votre sac à main), Windows 8.1 envoie une commande qui bascule le mode partage de connexion et se connecte automatiquement, pratique !
Vous possédez une Xbox One ? l’application SmartGlass va vous régaler : vous contrôlez votre console facilement, lancez les jeux, changez les chaînes, montez le son, écoutez de la musique avec Xbox music, discutez avec vos amis… l’application est assez complète et s’enrichit de semaine en semaine.
Jeux et multimédia
Sur le plan multimédia, la lecture des vidéos est fluide aussi bien avec l’application native qu’avec VLC, si en plus vous avez une TV connectée (voire une Xbox) vous pourrez y diffuser votre contenu d’un simple tap ! L’écoute de musique est tout aussi agréable, l’application Musique est fluide et le catalogue est (parait-il) le plus complet du marché. La qualité sonore est correct sans être exceptionnelle : difficile de cacher un haut parleur Hifi dans 9mm d’épaisseur !
Jouer sur une tablette n’est pas pour moi très naturel, je suis plus adepte de la console, cependant la puissance de la machine permet de faire tourner pas mal de jeux récent (je n’ai pas dit que vous jouerez dans la résolution maxi 😉 ), le Windows Store contient nombre de jeux gratuits qui satisferont les plus jeunes voire même les plus grands.
Et alors ?
Bilan, j’adore cette tablette. La microsoft Surface pro propose un format idéal, elle se range facilement dans un porte documents, ses 800g (sans clavier) sont corrects, l’écran est magnifique… Windows 8.1 a évolué dans le bon sens, ce qui me laisse beaucoup d’espoir dans Windows 10.
Seuls regrets, mais ce n’est pas forcément la faute de Microsoft, l’offre logiciel reste encore un peu en dessous de ce que j’attends et de nombreux constructeurs (Withings par exemple) ignorent (volontairement ?) encore la plateforme Microsoft pour des raisons de coût de portage face à la demande : c’est justement parce qu’il manque des applications que les utilisateurs ne viennent pas… l’histoire du serpent qui se mord la queue ; dommage 🙁
Sébastien FERRAND – Novencia TS